La tresse

Décevant, très décevant. Cela commence plutôt bien, avec des personnages qui semblent échapper aux stéréotypes, et en particulier des femmes fortes, qui tentent de résister à l'oppression masculine, mais à la fin du récit ceci s'avère un leurre, car deux au moins d'entre elles retournent avec une facilité déconcertante dans le "cadre" de la féminité traditionnelle : la Sicilienne voit dans l'homme qu'elle a rencontré un "miracle", véritable Deus ex machina qui "l'a révélée" à elle même, juste parce qu'il lui a appris qu'en Inde certaines femmes donnent leurs cheveux (ce qui n'est pas un secret pour grand monde) : "elle se sent femme aujourd'hui, après de cet homme qui l'a révélée" : on croit rêver, on se pince devant tant de mièvrerie !... Sans compter que "un jour, ses enfants viendront prolonger sa lignée" : on est dans un vrai conte de fées ! Quant à la Canadienne atteinte d'un cancer, elle n'a plus pour horizon que de trouver des cheveux car "un homme rasé peut être sexy, une femme chauve sera toujours malade" et "pour se sentir femme", celle-ci aussi a besoin "que quelqu'un la prenne dans ses bras" !! "les bras d'un homme" bien sûr. Pitié.... On ressent même; un certain malaise à voir mis quasi sur le même plan ce pb capillaire et la détresse de la femme indienne, seul personnage qui ne sombre pas (ou pas trop) dans le cliché. Outre ces difficultés idéologiques, je trouve le récit cousu de fil blanc : la rencontre tout à fait incongrue d'un sikh apparaît rapidement comme une "ficelle" qui va rejoindre les autres mèches de la tresse avec trop d'évidence...
En définitive on se sent comme piégée dans un livre faussement féministe qui nous a fait perdre notre temps.