Page images
PDF
EPUB

On voit, dit-on, des haies entièrement composées d'ifs; mais je ne crois pas qu'il soit utile d'en planter, à raison de la lente végétation de cet arbre. Le genévrier, qui s'y rencontre si communément dans certains cantons, n'a pas cet inconvénient; aussi est-il bon de l'y introduire le plus souvent possible. On le multiplie de graines, qu'il suffit de répandre sur le bord de celles qu'on veut en peupler.

Cet article est long, mais il est important par son but; car, je le repète, la plantation des haies sur le sol entier de la France peut doubler les produits de son agriculture et suppléer en grande partie à la perte de nos forets.

Il est plusieurs arbres étrangers dont on commence à faire des haies. L'acacia blanc et le févier sont du nombre, et méritent d'être employés à cet usage à raison de leurs épines et de la rapidité de leur croissance, mais ils branchent peu, et

jeunes pousses sont très recherchées par les bestiaux. Je citerai encore la ketmie en arbre et le thuya de la Chine, dont j'ai vu de si belles et bonnes haies taillées en Italie.

Les pays situés entre les tropiques forment leurs haies avec des arbres propres à ce climat. A Saint-Domingue, c'est avec le campèche. En Caroline avec le houx cassine. L'arbuste le plus propre à en former que je connoisse est la bumélie réclinée. Ses branches sont recourbées vers la terre, de sorte que son pied est aussi et même plus garni que sa tête; elles sont de plus si épineuses, qu'on ne peut les prendre à la main, et si coriaces, qu'il est impossible de les casser sans les tordre à plusieurs sens. Il est malheureux qu'elle craigne les gelées du climat de Paris. (B.)

HAIE SECHE. Souvent on a besoin, en agriculture, de clore ou promptement, ou momentanément, ou économiquement un terrain, et alors on emploie la sorte de haie qu'on appelle seche, parceque c'est avec des branches d'arbres qu'on la compose, et que ces branches ne tardent pas à se dessécher.

Toutes espèces de branches d'arbres, pourvu qu'elles aient plus de quatre pieds de long, peuvent servir à la composition des haies sèches; cependant celles de l'aubépine sont les meilleures, parcequ'elles réunissent une meilleure défense à une plus longue durée. Celles de prunelier viennent après. Puis le chène, le charme, etc. Les bois blancs sont les pires de tous à raison de leur disposition à pourrir promptement. Dans quelques pays où le bois est rare on fabrique ces haies avec de la paille ou des roseaux.

Pour établir une haie sèche, on fait, à la bêche ou à la pioche, une tranchée de six à huit pouces de large et d'autant de profondeur, et, au milieu, à quatre, cinq ou six

pieds les uns des autres on fiche, à coups de maillet, des pieux d'au moins deux pouces de diamètre le plus perpendicu lairement possible. Ces pieux, pour durer long-temps, doivent être de chêne ou de châtaignier. On attache à ces pieux à la hauteur d'environ trois pieds, au moyen de branches de chêne ou de châtaignier tordues (on les appelle des harts anx environs de Paris), ou à leur défaut avec de fort osier, un rang de perches de bois dur parallèle au terrain. C'est contre cette traverse et dans la tranchée qu'on range les branches destinées à former les haies. L'art est de n'en mettre ni trop, ni pas assez, et de les disposer de manière à ce que leurs branches s'entrelacent régulièrement. Lorsqu'il y a une longueur de perche ainsi garnie, on attache une autre perche, de l'autre côté des pieux, parallèlement à la première et à la même hauteur, puis on fait passer autour des deux perches une ou deux harts par chaque distance de pieux, ce qui les lie entre elles, et fixe les branches d'une manière solide et régulière. Il ne s'agit plus alors, pour que la haie soit terminée, de remplir la tranchée de terre, et d'élever cette terre de six à huit pouces au-dessus du sol, ce qu'on appelle butter la haie.

que

Pour plus de solidité, avant cette dernière opération, on met un second rang de perches à un pied de terre, disposées et liées comme le rang supérieur.

La durée d'une haie séche dépend, outre l'espèce de l'arbre, de la nature du sol et du climat, le bois, et sur-tout le bois trop jeune pourrissant plus promptement dans les terrains et les climats humides que dans ceux qui sont secs et chauds. Aux environs de Paris une bonne haie sèche d'aubépine, sauf quelques réparations, doit subsister pendant cinq à six ans. Plus au midi elle peut en durer huit à neuf.

Comme les haies sèches sont à claire-voie, elles ne sont pas aussi utiles comme abri que les haies vives, puisque les vents peuvent passer au travers, et qu'elles ne réfléchissent pas les rayons du soleil; mais on peut les rendre égales à ces dernières en semant à leur pied des haricots, des pois, des gesses, des liserons, et autres plantes grimpantes, qui enlacent leurs tiges avec les rameaux des branches qui la composent; mais alors elles durent moins long-temps, à raison de l'humidité que ces plantes apportent avec elles, ou conservent autour d'elles.

Souvent les haies sèches n'ont pour véritable objet que de garantir une haie vive nouvellement plantée des ravages des bestiaux. Alors on peut la faire plus légère et la garnir du côté opposé à la haie de pieds de ronces enlevés dans les bois, pieds qui, repoussant vigoureusement dès la première année, deviennent une excellente défense.

Je ne m'étendrai pas davantage sur les haies sèches, parceque je les regarde comme important bien moins à l'agriculture que les haies vives. Je gémis même lorsque je vois des cantons, où ces dernières réussiroient parfaitement bien, ne faire usage que des premières, qu'on renouvelle sans cesse, au grand détriment des forêts et du temps si précieux en agriculture, et qu'on doit tant ménager. C'est l'effet de l'ignorance ou des lois vicieuses. Un cultivateur auquel je faisois ce reproche me répondit: Mon bail n'est que de trois ans, et le bois que j'emploie en ce moment me servira de chauffage lorsque ce bail sera fini. Dans d'autres endroits on brûle les haies sèches tous les hivers pour les rétablir au printemps. C'est une bonne manière de faire sécher le bois, dit-on; oui, mais quelle perte de main-d'œuvre! (B.)

HALE. Il est prouvé par des expériences directes, et par l'observation de tous les temps et de tous les lieux, que les plantes transpirent, c'est-à-dire que pendant le jour, et même quelquefois pendant la nuit, l'eau que leurs feuilles et leur écorce avoient absorbée, ou que les racines avoient pompée dans la terre, rentre dans l'atmosphère sous forme de vapeur invisible. Voyez le mot TRANSPIRATION DES PLANTES.

soit

La quantité de cette évaporation varie à chaque moment; parcequ'elle est toujours en rapport avec l'état plus ou moins sec de l'air, et que cet état ne reste jamais long-temps le mème, par l'effet de la chaleur du soleil, soit par celui des vents. Lorsqu'elle est très considérable, qu'on s'aperçoit de ses effets, c'est-à-dire que les feuilles et les fleurs se fanent, on l'appelle le hâle.

Les plantes les plus aqueuses, excepté celles qu'on appelle plantes grasses et qui sont dépourvues de pores corticaux, sont celles qui se ressentent le plus des suites du hâle. Les arbres à feuilles coriaces, comme le chêne, le laurier, n'y sont presque pas sensibles, et voilà pourquoi ceux des pays chauds les ont telles presque tous.

Le plus souvent les effets du bâle cessent avec la cause qui l'a fait naître. Il n'est personne qui, dans les jours chauds de l'été, n'ait vu les feuilles, qui sembloient mortes à midi, reprendre toute leur fraîcheur pendant la nuit, ou après une legère pluie.

Un hâle très prolongé fait périr les plantes; trop souvent répété il nuit à leur accroissement, ainsi que le prouvent les pays secs et découverts, plus exposés que les autres à ses résultats.

Il n'est guère possible d'empêcher les effets du hâle dans la grande culture que par des abris, et cette circonstance doit fortement militer en leur faveur. Voyez au mot ABRI et aux

mots CLÔTURE, ENCLOS et IIATE. Cependant les irrigations et les arrosemens à la main remplissent aussi cet objet. C'est pourquoi les jardiniers instruits et actifs ne manquent jamais d'arroser, avant ou après le lever du soleil, les légumes qui en craignent le plus les suites, sur-tout leurs semis. Il seroit dangereux de le faire pendant la chaleur même, par les causes indiquées au mot ARROSEMENT.

C'est pour s'opposer au hâle qu'on couvre les jeunes plants, qui y sont plus sensibles que les autres, pendant la grande chaleur du jour, qu'on les couvre sur-tout lorsqu'ils viennent d'être transplantés, et que leurs racines ne peuvent pas encore réparer les pertes qu'ils éprouvent par ses effets, soit avec des pots renversés, soit avec des paillassons, des branches garnies de feuilles, etc.

Le hale se fait puissamment sentir sur les racines des arbres qu'on vient d'arracher. Il désorganise leurs suçoirs en les desséchant. Combien de millions de pieds d'arbres périssent chaque année dans leur transplantation par cette seule cause! Il est des arbres et des plantes que quelques minutes d'exposition à un air sec suffisent pour frapper de mort. Les arbres résineux, tels que pins, sapins, etc., sont principalement dans ce cas. On doit donc en tout temps, principalement quand le hâle existe, c'est-à-dire que l'air est desséchant, metire le moins d'intervalle possible entre l'arrachage et le plantage des arbres et des plantes, ou lorsque les circonstances s'y opposent, il faut mettre provisoirement le plant en jauge, ou couvrir ses racines d'un peu de terre, de paillassons, ou autres objets.

C'est avec l'hygromètre qu'on peut le mieux mesurer l'intensité du hâle; mais rarement les cultivateurs en font usage. Ses effets sur leur corps et sur les plantes qu'ils ont sous les yeux leur tiennent lieu de cet instrument, et ils ne sont pas sujets à erreur quand on sait les interroger.

Quelques personnes croient que le håle n'a jamais lieu que dans la chaleur; mais c'est une erreur. Souvent il est très considérable pendant les plus fortes gelées. Il a lieu toutes les fois que l'air est sec, quelle que soit la cause qui l'a rendu tel. Ainsi les vents, qui ont déposé leur eau sur des plaines arides, ou au sommet de hautes chaînes de montagnes, produisent le hâle. Ces vents desséchés et desséchans varient selon les pays. Pour les environs de Paris, ce sont ceux du nord-est qui ont passé sur les plaines sèches de la Champagne, et ceux de l'est, qui ont passé par-dessus les Alpes. Pour les environs de Montpellier, ce sont ceux du nord et de l'ouest.

Rarement le vent du midi est desséchant dans le climat de Paris, mème dans la plus grande chaleur de l'été; mais sur la côte d'Afrique, à Alger, par exemple, mais en Arabie, à Damas,

par exemple, il l'est à un tel point, qu'il fait en peu d'instans périr les animaux, et en peu de jours les tiges de la plupart des plantes. C'est qu'il a passé par-dessus des déserts de sables qui ont absorbé toute son humidité. On l'appelle siroco en Italie, où il se fait quelquefois sentir, malgré la mer qu'il traverse. La terre, sur-tout la terre nouvellement labourée, éprouve aussi les effets du håle, et lorsqu'on sème pendant qu'il dure, la graine ne lève point ou lève mal; c'est pourquoi il faut éviter de semer dans ce cas le plus qu'on peut.

Quelquefois le hâle est très désiré par les cultivateurs, par exemple au printemps, lorsqu'après des pluies longues et abondantes, ils sont pressés de faire leurs labours; en été, lors de la coupe de leurs foins, etc. (B.)

HAMAMELIS, Hamamelis. Arbrisseau de l'Amérique septentrionale, qui croît en pleine terre dans le climat de Paris, et que l'on y cultive à raison du développement précoce de ses fleurs, développement qui a lieu au milieu de l'hiver, longtemps avant la pousse de ses feuilles.

Cet arbrisseau, qui forme un genre dans la tétrandrie digynie et dans la famille des berbéridées, a les feuilles alternes, légèrement pétiolées, ovales, irrégulièrement dentées à leur sommet, coriaces, glabres, d'un vert foncé, larges de deux pouces et plus; ses fleurs sont jaunes et ramassées en petits paquets sessiles le long des rameaux.

J'ai vu en Caroline de grandes quantités d'hamamelis, et j'ai observé que ses fleurs avortoient fréquemment par l'effet des froids. En Europe, il ne porte presque jamais de graines par la même cause. Un terrain humide et ombragé est celui qui lui convient, et il fait mieux dans une plate-bande de terre de bruyère exposée au nord qu'ailleurs. Il se place cependant entre les buissons des jardins paysagers, et s'y soutient fort bien. Les plus fortes gelées ne lui font aucun mal lorsqu'il est parvenu à une certaine hauteur. Rarement il s'élève en Europe à plus de trois à quatre pieds; mais en Amé rique j'en ai vu des pieds de plus du double. Son aspect ressemble à celui du noisetier. On le multiplie de graines tirées d'Amérique, graines qui ne lèvent ordinairement que la se conde et même la troisième année, quoiqu'on les sème dans des terrines placées sur couche et sous châssis. Le plant se rentre dans l'orangerie pendant les deux ou trois premières années, et ensuite se met en pleine terre. On le multiplie aussi par les rejetons qu'il pousse, lorsqu'il est dans un sol favo rable, et par marcottes. Ces marcottes s'enracinent dans l'année, et peuvent être levées l'hiver suivant; mais il est mieux d'attendre un an de plus, parcequ'on y gagne certitude de reprise et plus de grandeur. Une humidité foible,

« PreviousContinue »