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Il faut très peu comprimer la terre autour des plants', cl l'arroser immédiatement après, si le cas l'exige et qu'on le puisse facilement. Cette précaution est principalement utile dans les plantations du printemps.

Je ne dois pas oublier la recommandation de ne jamais arracher que le plant qu'on peut mettre en terre dans le cours d'une journée, et de le tenir exactement à l'abri du soleil et même des courans d'air, car il se hale facilement, et alors sa reprise est très incertaine.

Si, comme il arrive souvent, quand on plante au printemps, le plant avoit déjà poussé, il ne faudroit pas enterrer l'extré mité des pousses.

Un arpent de terre contient environ mille monticules, qui, si le sol est bon et la saison favorable, fourniront chacune dix livres de cônes par an.

La première année de la plantation, le houblon ne demande que des labours, ou mieux, des binages, par suite desquels on recharge les monticules. Si ses pousses étoient vigoureuses, et qu'elles gênassent dans cette opération, on lier it toutes celles du même monticule en faisceau, ce qui suffiroit pour les tenir droites. Quelques cultivateurs fument leurs monticules à la fin de cette année avec du terreau bien consommé, des curures d'étangs, etc.; mais ce n'est que dans les mauvaises terres qui ne l'ont pas été au moment même de la plantation qu'on doit

le faire.

Vers la fin de février de la seconde année, par un beau temps, on détruit les monticules pour couper les pousses de la première année, ainsi que les rejetons, à un pouce du collet des racines, pour en changer la terre de place et pour pouvoir couper à un pouce du collet des racines toutes les productions qui se sont développées latéralement ; car il est beaucoup plus avantageux d'avoir trois ou quatre tiges vigoureuses qu'une donzaine de foibles. On reconnoît ces pousses nouvelles a eur couleur plus pâle. On profite de cette opération, qui se renouvelle tous les ans, pour remplacer les pieds morts, soit au moyen de plant apporté d'ailleurs, soit en couchant les pousses qui sont les moins éloignées. Peu après le houblon sort de terre, et lorsque ses jets ont acquis un pied de haut, c'est-à-dire vers le milieu d'avril, il faut penser à échalasser.

Arthur Young observe qu'on a remarqué en Angleterre que plus ces opérations sont terminées de bonne heure, et plus on est assuré d'une bonne récolte de houblon. Il cite à cet égard des faits convaincans.

Les échalas ou perches sont destinés à servir de soutien aux tiges du houblon. Leur longueur varie à raison de l' ge de la plantation et de la nature du terrain où elle se trouve. La

seconde année, qui est celle dont il est question en ce moment, il n'est pas nécessaire qu'ils aient plus de dix à douze pieds, mais les suivantes, vingt ou vingt-cinq ne suffisent pas toujours En général dans un sol riche les perches ne sont jamais assez grandes; mais il ne paroît pas prouvé, quoiqu'on le croie, et que la théorie n'en repousse pas l'idée, que dans un sol pauvre de longues perches nuisent à la production des fleurs, en donnant aux tiges la facilité de s'élever plus qu'il conviendroit à la force de végétation des racines.

On devroit préférer les échalas de frêne, ou de châtaignier, ou de sapin, parceque ce sont ceux qui durent le plus longtemps; mais comme ceux de ces sortes de bois sont rares et très chers, on emploie le plus communément ceux de bouleau, d'aune, de saule et de peuplier, auxquels on laisse des fourches à la partie supérieure. Leur grosseur doit être de six à sept pouces de tour au plus.

Ces perches sont aiguisées par leur gros bout, et enfoncées dans un trou formé avec un plantoir de fer au moyen du maillet. Leur enfoncement depend de la nature du terrain, mais être plutôt trop considérable que pas assez; car celles qui sont renversées par le vent ou par le poids des tiges qu'elles portent causent ordinairement beaucoup de désordre dans la plantation. Leur position doit toujours être légèrement inclinée en dehors de la monticule, tant pour la suspension des rameaux des tiges, suspension très importante à aider quand on veut avoir d'abondantes et bonnes récoltes, que pour favoriser la circulation de l'air, et ne pas empêcher l'action bienfaisante des rayons du soleil. Pour remplir encore plus complètement le dernier de ces buts, on écarte davantage les perches qui sont du côté du midi. On en fixe trois ou quatre à chaque monticule, rarement moins ou plus. Il convient de placer les plus grandes et les plus grosses sur les premiers rangs, du côté de l'ouest et du sud-ouest, afin de rompre l'effort des vents, si nuisibles, comme je l'ai déjà observé, au succès d'une plantation de ce genre.

Arthur Young rapporte qu'on a commencé, il n'y a pas long-temps, en Angleterre, à cultiver le houblon en palissades, et que le succès a surpassé l'attente des cultivateurs. Pour cela on forme les monticules en rangées, écartées de huit à dix pieds et plus, regardant le sud-est, et les perches de dix à douze pieds de long sont également sur une seule ligne, une à chaque monticule. Ces perches sont liées entre elles par trois rangs d'autres perches beaucoup moins grosses, parallèles au sol. Le premier rang à cinq ou six pieds de ce sol, le secoud à huit ou neuf, et le troisième tout en haut. Cette méthode est celle de la nature, car le houblon court toujours sur les haies,

ne monte pas sur les chênes. Elle offre l'avantage de donner moins de prise aux vents, de présenter plus de surface au soleil, et d'occasionner moins de dépense pour l'acquisition des perches. Il seroit à désirer qu'elle s'introduisît en France.

Ce n'est qu'au moment où le houblon commence à sortir de terre qu'il convient de commencer à ficher les perches, parcequ'avant on risqueroit, d'un côté, de les mal placer, et de l'autre, de blesser les jeunes pousses.

Lorsque les tiges du houblon sont parvenues à trois pieds de hauteur, on les attache lâchement aux échalas, en les tournant avec précaution autour d'eux, suivant le cours du soleil. C'est du jonc, ou mieux, de la laine, qui s'emploie pour cette opération, comme s'y prêtant plus facilement."

Pendant le cours du mois de mai, il est nécessaire de visiter tous les huit jours les houblonnières, pour redresser et diriger convenablement les tiges qui se sont dérangées, ou qui ont poussé irrégulièrement. Lorsque la main ne peut plus atteindre à ces tiges on se sert d'un bâton, et ensuite d'une échelle double.

Dans la culture du houblon en palissades, il faut de plus avoir attention de diriger les jeunes pousses le plus également possible sur les trois rangs de perches horizontales, ce qui est très facile au moyen des liens ci-dessus désignés. Il doit toujours y avoir, dans une houblonnière conduite par cette méthode, une ou plusieurs échelles doubles pour le service.

Au commencement de juin on donne un labour à la terre, soit à la bêche, soit à la charrue (celle appelée cultivateur présente des avantages), et on exhausse les monticules. Chaque mois suivant on donne encore un binage, et on élève de même les monticules. C'est pendant cet intervalle qu'on reconnoît et qu'on arrache les pieds qui ne sont pas francs, ou qui appartiennent à des variétés autres que la dominante; car, je le répète, il est très important que la plantation entière soit de la même. C'est aussi alors qu'on pince l'extrémité des tiges pour les empêcher de s'élever davantage, et forcer la sève à se porter sur le fruit, seul but de la plantation.

Quelques cultivateurs mettent à cette opération du pincement des tiges beaucoup plus de rigueur qu'il ne convient ; car si elle produit l'effet ci-dessus, elle diminue aussi la production de la sève, production à cette époque toujours proportionnelle à la quantité des feuilles. Souvent aussi ils enlèvent les feuilles inférieures des tiges pour les donner aux bestiaux.

Le houblon, dans le climat de Lille, qui est presque le seul où on le cultive en France, entre en fleur au milieu de juillet.

C'est alors qu'il seroit souvent utile, pour obtenir d'abondantes récoltes, de l'arroser par irrigation ou autrement, si la terre n'a pas été rafraichie par des pluies; mais on le fait rarement, à raison de la dépense. A la fin d'aoùt il est ordinairement mur. L'important pour les cultivateurs est de veiller attentivement à cette époque sur leurs plantations, car, d'un côté, ses qualités s'affoiblissent par trop de maturité, et de l'autre un seul jour de vent peut faire perdre la plus grande partie du profit attendu, les graines se détachant alors avec la plus grande facilité de l'axe sur lequel elles sont implantées. C'est donc quelques jours avant leur complète maturité qu'il faut cueillir les cônes qui renferment cette graine; or, ce moment est indiqué par le changement de couleur qu'ils éprouvent, c'est-à-dire par la nuance brune qui se substitue au vert påle qu'ils avoient offert jusqu'alors. A ce signe il faut rassembler beaucoup de bras, et ne pas perdre de temps pour agir.

Dans quelques endroits, avant de procéder à la récolte, on prépare dans les champs, après en avoir enlevé les perches et le houblon, une, deux ou trois aires, selon sa grandeur, en unissant et battant la terre, afin d'avoir des espaces propres, où on puisse déposer les tiges sans les salir de terre.

Dans d'autres lieux, on a des cadres portés sur quatre pieds et garnis de grosse toile pour le méme objet. Ces cadres pouvant se transporter d'une place à l'autre, et durant nombre d'années, sont sans contredit préférables aux aires qui ne remplissent qu'incomplètement leur but, et qu'il faut refaire toutes les années.

Cela étant préparé, des ouvriers parcourent la houblonnière et coupent avec une serpette emmanchée à un long bâton (cet instrumment s'appelle un volant dans quelques lieux) les sommités qui s'attachent à d'autres perches que celles lesquelles s'entortillent leurs tiges, ensuite ils coupent toutes les tiges à trois ou quatre pieds au-dessus du sol. Si on les coupoit rez terre, la sève qui n'est pas encore arrêtée en feroit pousser de nouvelles, ce qui affoibliroit les racines et diminueroit leurs productions pour l'année suivante. Il seroit même mieux de les couper à six ou huit pieds par la même raison, ou même de ne les pas couper du tout. Alors on enlève successivement tous les échalas avec les tiges qui les entourent, et on les porte auprès des aires ou des cadres, où des hommes et des femmes assises cueillent les cônes en les tirant avec la main. Lorsque les perches sont trop fortement fixées en terre on a des espèces de leviers pour les arraclier au moyen d'une grosse corde à nœuds coulans, ou avec de grandes et fortes tenailles qu'on appuie sur un billot.

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On croit qu'il ne faut couper le houblon qu'à mesure qu'on

passe le houblon séché avec une pelle, et on le fait entrer dans cette chambre, qui doit être de plain-pied avec la fenêtre.

On fait le lit de lattes très unies, qui ont un pouce en carré, afin et on les place à un quart de pouce l'une de l'autre, que la chaleur puisse s'y porter librement et que le houblon ne puisse point passer à travers les interstices; une solive traverse le milieu du lit, et on y assujettit les lattes.

et on

On remplit ensuite ce lit de houblon; on l'étend égalesans le ment à un pied et demi de profondeur, presser, passe légèrement sur sa surface un râteau de bois, ensuite on allume le feu. La coutume de Flandre est de se servir d'un bois humide qui communique une mauvaise odeur. On contiarticle essennue le feu jusqu'à ce que le tout soit bien sec, tiel, ce que l'on connoît si, en passant un bâton sur la surface, les houblons font du bruit s'ils ne le sont pas également par-tout, il faut les éclaircif dans l'endroit du lit où ils sont les plus humides, en jetant ceux dont on les décharge dans les endroits les plus secs. Lorsque toute la fournée est bien sèche on éteint le feu, et on pousse avec une pelle les houblons dans la chambre qui est à côté; on balaie ensuite ainsi le fond du lit; on regarnit le lit et on allume le feu, qu'il a été dit.

que

Voici la manière dont on se sert du fourneau à drèche pour sécher le houblon. On pratique une espèce d'aire sur laquelle on l'étend à la hauteur de six pouces; on le tient sur un feu fait ainsi qu'il a été dit, jusqu'à ce qu'il soit à moitié sec: on renverse alors tout le houblon, c'est-à-dire que ce qui étoit dessous revient dessus, après quoi on le laisse, en continuant toujours le feu, jusqu'à ce que le tout soit également sec. En suivant cette méthode on épargne la dépense d'un fourneau. Lorsque l'on en a un à drèche, et l'on n'a qu'une médiocre quantité de houblon à sécher, par la méthode flamande on continue le feu plus long-temps que par les autres, et on ne retourne pas les houblons; il y a toujours une partie qui est trop desséchée ou qui ne l'est pas assez. Dans la méthode anglaise, c'est un grand inconvénient d'être obligé de retourner le houblon, opération pendant laquelle on perd beaucoup de graines. M. Hall en propose une qui remédie à ces inconvéniens, et qui est plus économique par la suite : il n'y a de plus coûteux que la construction du fourneau.

Il faut batir le bas d'un fourneau à drèche, et l'on fait un cadre avec des parties de planches bien unies, d'un pouce d'épaisseur, de trois pouces de largeur, et d'une longueur proportionnée au fourneau. On les dispose en échiquier les unes dans les autres, ayant l'attention de faire la surface bien unie; on couvre le cadre de plaques de fer-blanc bien

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