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les formes cristallines sont des indices bien équivoques pour la détermination des substances minérales. (PAT.)

INDIEN, nom spécifique d'un poisson du genre calliomore de Lacépède, callionymus indus Linn. Voyez au mot CALLIOMORE. (B.)

INDIGÈNE. (Botanique) Ce mot exprime qu'une plante croît naturellement dans le pays où l'on est; il est relatif comme le mot exotique. Ainsi les plantes qui viennent spontanément dans les Antilles sont exotiques pour nous et indigènes pour les habitans de ces îles, et réciproquement. (D.)

INDIGO ou INDE, substance de couleur bleue servant aux teinturiers et aux peintres en détrempe, provenant d'une plante nommée indigo par les Français, anillo par les Espagnols, et INDIGOTIER par les botanistes. Voyez ce dernier mot. (D.)

INDIGO BATARD. L'amorphe frutiqueux porte ce nom en Amérique. Voyez ce mot. (B.)

INDIGO DU BENGALE. C'est la CROTALAIRE DU BENGALE. Voyez ce mot. (B.).

INDIGO DE LA GUADELOUPE. La crotalaire blanchâtre est ainsi appelée dans nos colonies. Voyez le mot CROTALAIRE. (B.)

INDIGO SAUVAGE, plante d'Amérique qui devient une espèce d'arbuste, et dont la racine écrasée et appliquée sur les dents en amortit la douleur. (B.)

INDIGOTIER, Indigofera Linn. (Diadelphie décandrie), genre de plantes de la famille des LEGUMINEUSES, qui se rapproche beaucoup du galega, et dont le caractère est d'avoir un calice à cinq divisions; une corolle papilionacée avec deux appendices latérales à la base de sa carène; dix étamines réunies en deux paquets à anthères arrondies; un ovaire cylindrique, chargé d'un style court à stigmate obtus; et pour fruit, une gousse grêle, ordinairement arquée, non articulée, renfermant plusieurs semences.

Ces caractères sont figurés dans les Illustrations de Lamarck, pl. 626. Ce célèbre botaniste observe que les indigotiers en général étant très-peu distincts des galegas, il seroit peut-être convenable de réunir ces deux genres: «< pour » caractère distinctif des indigotiers, dit-il, Linnæus indique » principalemen le calice ouvert; or, plus des trois quarts des >> espèces de ce genre ne sont point dans ce cas : elles ont la » plupart un calice analogue à celui des psoralea, qui n'est » point glanduleux à la vérité, mais qui est chargé de même » de petits poils couchés et blanchâtres >>...

Les espèces comprises dans ce genre au nombre de plus de trente, sont des herbes ou arbustes exotiques, à feuilles alternes, communément ailées avec impaire, quelquefois ternées et très-rarement simples; leurs fleurs petites, et disposées en épis, naissent sur des pédoncules axillaires. Leurs gousses ne sont presque jamais comprimées comme celles de la plupart des galegas.

L'indigotier est ainsi nommé, parce que plusieurs espèces de ce genre fournissent l'indigo. Ce sont les seules dont nous ferons mention dans cet article.

1. ESPÈCES botaniques d'Indigotiers dont on retire une fécule colorante.

La plus intéressante de toutes, la plus généralement cultivée dans les Antilles et dans d'autres parties de l'Amérique, est l'INDIGOTIER FRANC, Indigofera anil Lam. Cette espèce croît naturellement aux Grandes-Indes. C'est un petit arbuste droit, délié, garni de menues branches qui, en s'étendant, forment comme une touffe. Il s'élève à deux ou trois pieds de hauteur, quelquefois davantage lorsqu'il se trouve dans un bon terrein. Sa racine principale en pivot, et les petites qui y adhèrent s'étendent à douze ou quinze pouces de profondeur; elles sont blanches, rondes, dures et tortueuses.

Cette plante, qui devient ligneuse avec le temps, présente une tige cylindrique qui se divise quelquefois, dès le pied, en petites tiges revêtues d'une écorce de couleur grisâtre entremêlée de vert, et chargée, vers leur partie supérieure, de poils extrêmement petits et couchés. Les rameaux se garnissent de feuilles alternes, pétiolées, ailées avec impaire, et composées ordinairement de neuf folioles à peu près égales entr'elles, à l'exception de la foliole terminale qui est quelquefois plus grande. Ces feuilles sont unies, douces au toucher et assez semblables à celles de la luzerne ; mais pour la couleur, la figure, la grandeur et la disposition des folioles sur leur pétiole commun, aucune plante n'approche plus exactement de l'indigotier franc, que le galega appelé en français rue de chèvre.

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Le feuillage de cet indigotier exhale une odeur douce, assez pénétrante, mais peu flatteuse, qui a quelque rapport avec celle de la fécule desséchée et bien fabriquée. La saveur de sa feuille approche aussi de celle de la fécule; elle est mêlée d'une petite amertume piquante, répandue dans tout le reste de la plante.

Aux aisselles des feuilles naissent de petites grappes simples,

coniques, presqu'en épis, toujours plus courtes que les feuilles dont elles sont accompagnées, et garnies de petites fleurs d'un rouge violet très-clair, et d'une foible odeur, mais assez agréable; les calices sont courts et chargés de petits poils. Les gousses ont environ un pouce de longueur; elles sont roides, cassantes', arquées ou courbées en faucille, légèrement comprimées, et bordées par la saillie latérale de leurs sutures; elles contiennent cinq à six semences luisantes, très-dures, d'un jaune rembruni tirant un peu sur le vert, quelquefois sur le blanc, quand elles ne sont pas bien mûres. Ces graines ressemblent à de petits cylindres d'une ligne de long et obtusément qurdrangulaires.

Cette espèce offre quelques variétés.

L'INDIGOTIER DES INDES, Indigofera indica Lam. Ind. tinetoria Linn. Cette plante, qui a beaucoup de rapports avec celle qui précède, vient spontanément à l'île de France, à Madagascar, au Malabar, dans les lieux, incultes, pierreux ou sablonneux. C'est avec elle qu'on fait de l'indigo dans ces pays. Elle est haute de trois pieds, et diffère de l'indigotier franc par ses fruits plus cylindriques, non courbés en faucille, et à sutures moins relevées. Ses feuilles sont composées de onze ou treize folioles ovales; ses grappes de fleurs sont courtes, ses gousses menues, d'un rouge brun, pendantes, et longues de quinze à dix-huit lignes.

L'INDIGOTIER GLAUQUE, Indigofera glauca Lam. On le trouve dans l'Arabie, en Egypte et sur la côte de Barbarie, où on le cultive pour sa fécule. Sa tige est droite, blanche, haute de deux ou trois pieds, tantôt simple, tantôt rameuse, et couverte d'un duvet très-court; elle porte deux sortes de feuilles : les inférieures sont ternées, les supérieures composées de cinq ou sept folioles ovales, glauques et argentées sur les deux surfaces. Les fleurs de couleur purpurine, et dispe sées en grappes axillaires, ont un calice fort court et cotonneux, un étendard très-écarté, des ailes vivement colorées et abattues sur la carène à ces fleurs succèdent des gousses articulées.

L'INDIGOTIER VELU, Indigofera hirsuta Linn. C'est l'indica de Miller, no 4. On pense, dit cet auteur, que cette espèce sert aussi à faire de l'indigo. Elle croît dans l'Inde et sur la côte de Malabar aux lieux sablonneux. Son caractère spécifique est d'avoir sa tige, ses feuilles, ses stipules et les calices de ses fleurs velus. La tige est érigée, haute de deux ou trois pieds, herbacée, quoique dure et anguleuse vers son sommet. Les gousses sont nombreuses, droites, tétragones, laincuses et toutes pendantes sur leur pédoncule commun.

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L'INDIGOTIER VERT, Indigofera trita Linn. F. Le nom latin de trita qui vient de tero (je brise), donné par Linnæus fils à cette espèce, indique qu'on l'emploie, comme les précédentes, à la fabrication de l'indigo. Elle vient aussi dans l'Inde, a une tige droite et verte qui ressemble à celle de l'indigotier franc, des feuilles ternées dont les folioles sont ovales, aiguës, et des grappes de fleurs latérales, plus courtes que les

feuilles.

II. INDIGOs des deux continens.

L'indigo est une substance végétale de couleur bleue, dure, cassante, friable, employée par les teinturiers et pour la peinture en détrempe.

Cette substance est le produit des plantes décrites ci-dessus, macérées dans une certaine quantité d'eau, et dont l'extrait, après une forte et longue agitation, dépose l'indigo qu'on fait ensuite sécher.

On regardoit autrefois en Europe, l'indigo comme une espèce naturelle de pierre de l'Inde, ce qui lui fit donner le nom d'inde, d'indic ou de pierre indique. On n'a bien connu sa nature et sa fabrique que depuis les conquêtes des Européens dans les Indes et dans la découverte de l'Amérique. Cependant, avant ces deux époques, on en faisoit vraisemblablement en Arabie et en Egypte, ou du moins on en tiroit de ces contrées; mais les habitans en cachoient avec soin l'origine ou la manipulation.

L'indigotier est extrêmement varié dans ses espèces; on le trouve dans des pays et dans des climats très-différens. Il croît naturellement entre les tropiques, et on peut le cultiver avec succès dans les contrées qui ne sont éloignées de la Ligne que de quarante degrés. Mais au-delà de ces limites, il réussit mal,et ne donne presque point de fécule, ou n'en donne qu'une imparfaite, et d'une médiocre valeur dans le commerce.

Indigo d'Europe.

Burchard, dans sa Description de l'île de Malte, publiée en 1660, parle d'une fabrique d'indigo établie dans cette île. Il dit qu'il y croît une espèce de glastum nommé par les Espagnols anil, et que les Árabes et les Maltois appellent ennir, d'où l'on tire une teinture. Son herbé est assez tendre la première année, et sa fécule donne une pâte imparfaite et rougeâtre, trop pesante pour se soutenir sur l'eau. Cet indigo porte dans le pays le nom de nouti ou mouti. Celui de la seconde année s'appelle cyerce ou ziarie : il est violet, et flalie

sur l'eau. L'indigo de la troisième année est le moins estimé ; sa pâte est lourde, et sa couleur terne; on le nomme cateld.

La plante qui donne ces trois indigos, après avoir été coupée, est mise dans une citerne; on la charge de pierres, on la couvre d'eau, et on la fait macérer quelques jours. Dès que l'eau paroît suffisamment chargée d'extrait colorant, on la fait écouler dans une autre citerne, au fond de laquelle en est une petite on l'agite fortement avec des bàtons, puis on la soutire peu à peu, et la fécule qui reste est étendue sur des draps, et exposée au soleil. Quand cette substance a pris un peu de fermeté, on en forme des boulettes ou des tablettes qu'on fait sécher sur le sable.

Le docteur Attilio Zuccagni, a cultivé l'indigotier en Toscane avec quelques succès, et il a obtenu de six livres d'herbe fraîche, six onces de fécule de quatre différens degrés de couleur et de bonté. Ses expériences, commencées en 1780, ont été répétées par d'autres cultivateurs de ce pays, avec un succès égal. Voyez-en les détails et le résultat, dans un ouvrage intitulé Corso di Agricoltura pratica, &c. c'est-à-dire, Cours d'Agriculture pratique, chez Pagani, à Florence, tom. 3.

Rozier, dans son Cours d'Agriculture, au mot ANIL, nous apprend qu'il a aussi cultivé cette espèce d'arbrisseau près de Lyon. En le semant, dit-il, sur couche de bonne heure, il lève facilement, fleurit, donne sa graine avant l'hiver; et cette graine, lorsque la saison a été chaude, acquiert une bonne maturité. Si cette plante, ajoute-il, cultivée à Lyon, dans des pots il est vrai, a bien réussi, pourquoi n'essayeroit-on pas sa culture en grand dans la Basse-Provence, le Bas-Languedoc, et sur-tout en Corse, où la position géographique des lieux offre de si beaux abris ?

Indigo d'Afrique.

Différentes espèces d'indigotiers croissent spontanément sur la côte de la Guinée. Cette plante, selon Wadstrom, y est même si abondante qu'elle nuit beaucoup au riz et au millet cultivés dans les champs. Quelques teinturiers qui ont essayé l'indigo d'Afrique, assurent qu'il est meilleur que celui de la Caroline ou des Indes occidentales. Qu'il soit supérieur à celui de la Caroline, cela peut être; mais qu'il surpasse en qualité le bel indigo de nos colonies, il est permis d'en douter. Le sol et le climat de la côte d'Afrique conviennent, il est vrai, parfaitement à cette plante; mais les noirs de ces pays ne savent pas fabriquer l'indigo comme ceux de nos îles. A Dahome,

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