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dans cette danse, il n'est pas rare, dis-je, de voir naître des symptômes d'amour. Il se passe une action analogue dans l'incubation d'une mère avec son enfant, et je suis persuadé que c'est à celle communication vitale qu'est due leur mutuelle affection. On voit en effet que les mères qui confient leurs enfans à des nourrices, à des bonnes, conservent moins d'affection, de tendresse et de soin pour eux que les nourrices elles-mêmes.

L'oiseau montre bien toute sa tendresse pour ses oeufs dans le temps de l'incubation. Il semble déjà sentir sous cette coque un jeune et innocent animal. L'instinct de la nature est ici plus fort que le besoin de se conserver. La poule si timide devient courageuse, et ne craint pas de sacrifier sa vie au devoir de la maternité. Quel exemple donné par un animal à l'espèce humaine! quoi de plus digne des regards d'une mère, que cette tendre sollicitude de la poule cherchant avec une espèce de fureur des oeufs à couver, au temps de la ponte! elle court, elle glousse, elle est impatiente et transportée de desirs; elle ne sait plus ce qu'elle fait, tant qu'elle n'a point d'oeufs à couver : une pierre blanche arrondie, un œuf vidé, suffisent pour la mettre hors d'elle-même. Enfin elle a des oeufs, voyez-la sans cesse accroupie sur eux, n'osant ni se lever, ni sortir, se remuant à peine, lant elle a peur de les laisser refroidir; elle souffre la faimi, la soif, tous les besoins; elle ne dort plus, elle est toute à son devoir; c'est son seul besoin, c'est sa vie. Quelques espèces, comme les canes, les perruches, arrachent des plumes de leur ventre pour en couvrir leurs oeufs, lorsqu'elles sont forcées de les quitter pour chercher à manger; mais toutes reviennent en grande hâte se remettre sur leur nid. Plusieurs mâles, tels que ceux de pigeons, des tourterelles, couvent à leur tour, et viennent fidèlement relever leur femelle. Les perroquets mâles, les pics, les loriots, et autres oiseaux analogues, apportent des nourritures à leurs femelles qui couvent. Le rossignol en fait de même, et charme sa compagne par ses douces chansons. Les males polygames, comme les oiseaux d'eau et les gallinacés, ne couvent pas, et prennent peu de soin de leurs nombreuses femelles. Les oiseaux de proie se tiennent par paires, et prennent soin en commun de leur famille naissante. Les parens défendent avec un généreux courage leur progéniture; ils s'exposent même à la mort pour sauver la vie à leurs petits; mais si on dérange les oeufs d'un oiseau avant qu'ils éclosent, souvent il les abandonne pour en pondre d'autres dans un lieu plus sûr; car lorsqu'il arrive quelqu'accident à une ponte, la nature a donné à l'animal la faculté d'en faire

une nouvelle, et même deux s'il est nécessaire, et si la saison n'est pas trop avancée.

A peine les petits sont-ils éclos, que la mère entre dans de nouveaux soins; il faut nourrir ces tendres animaux ; la mère, le père apportent des alimens qu'ils macèrent dans leur estomac, qu'ils expriment et dégorgent dans le bec de leurs foibles nourrissons. Plus de repos, plus de tranquillité; la mère oublie le soin de sa vie ; tout l'épouvante pour ses chers petits. Si l'on s'approche du nid d'une perdrix ou d'une alouette, la mère, contrefaisant la boiteuse, marche obliquement au travers des sillons, et attire l'ennemi à sa poursuite pour l'éloigner de sa couvée naissante; enfin hors de crainte, elle part soudain, et par un détour regagne sa famille craintive. Je puis attester ce fait pour l'alouette, car je l'ai vu moi-même.

On sait que le coucou ne couve pas ses oeufs lui-même ; il va les déposer dans le nid de quelque fauvette, qui nourrit un ingrat sans le savoir.

Les oiseaux gallinacés et les palmipèdes conduisent leurs petits près de leur nourriture et la leur montrent. Ces derniers enseignent aux leurs à ramer dans les eaux, ou plutôt l'instinct les y porte de lui-même. Rien de plus risible et de plus touchant que de contempler une poule élevant des jeunes canards, jeter des clameurs de crainte et de détresse en les voyant se jeter à l'eau. Elle a peur qu'ils se noient, elle court désespérée sur la rive, elle entre dans l'eau à mi-jambe en les rappelant. Lorsque le milan circule dans les airs et guette sa proie, quelles craintes pour la poule! ses cris rappellent sa famille, elle la couvre de ses ailes, et la défend contre l'oiseau ravisseur. Voyez les moeurs des OISEAUX à leur article. (V.) INDE. Voyez INDIGO. (S.)

INDEL, Elate. C'est un palmier qui paroît extrêmement voisin des dattiers, mais qui forme un genre qui a pour caractère une spathe bivalve; un spadix rameux monoïque; un calice à six divisions, dont trois extérieures, très-courtes; les fleurs mâles à six anthères sessiles, et les fleurs femelles à ovaire simple, surmonté d'un style subulé et de trois stig

mates.

Le fruit est un drupe ovale, acuminé, monosperme, å semence munie d'un sillon. Voyez au mot DATTIER.

Ce palmier, figuré pl. 893 des Illustrations de Lamarck, est peu élevé. Il pousse à son sommet un faisceau de feuilles pinnées, assez grandes, épineuses à leur base, à folioles ensiformes, pliées en deux longitudinalement et disposées par paires.

Les spathes naissent dans les aisselles des feuilles, s'inclinent

ou pendent sous leur faisceau, et portent des fruits nombreux, de la grosseur d'un grain de raisin, d'un rouge brun ou noirâtre, qui, sous une écorce lisse, mince et cassante, contiennent une chair farineuse, douce, qui environne une coque presque osseuse, oblongue, munie latéralement d'un sillon, et contenant une semence blanchâtre et amère.

L'indel croît dans l'Inde et dans les îles qui en dépendent. Les pauvres en substituent les fruits à celui de l'AREC dans la préparation de leur BETEL. Voyez ces mots. (B.)

:

INDICOLITE (Dandrada), substance minérale que ce savant élève de Werner regarde comme nouvelle, et dont il indique le gisement à Uton en Suède le nom d'indicolite qu'il lui donne est tiré de la couleur de ce minéral; il le décrit en ces termes : « couleur d'un bleu indigo sombre, plus clair dans la cassure, et alors tirant sur le bleu de ciel. L'éclat entièrement vitreux et approchant de l'éclat métallique. Opacité parfaite, et à ce qu'il paroît peu de pesanteur. (La petitesse des cristaux ne permet pas de déterminer exactement sa pesanteur spécifique.) Il raye un peu le quartz et se brise aisément; son tissu est serré; sa cassure en longueur est rayonnée; en travers elle est inégale et presque conchoïde. Ses cristaux sont des prismes rhomboidaux fortement striés sur leur longueur: la plupart sont polyédriques et ont la forme d'aiguilles. Dandrada termine cette description, par dire expressément que l'indicolite est infusible au chalumeau. (Journ. de phys., fructidor an 8, t. LI, p. 243.)

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On a remarqué dernièrement parmi des minéraux de Suède qui sont dans le magasin de minéralogie du Muséum d'histoire naturelle de Paris, deux échantillons qui, d'après leurs caractères extérieurs, ont paru appartenir à l'indicolite ; et ils ont été mis sous les yeux du professeur Haüy, qui, d'après l'examen qu'il en a fait, a jugé, comme presque cerlain, que l'indicolite n'étoit qu'une variété de la tourmaline. (Annal. du Mus., n°. 4, p. 259.)

Cependant, comme le minéral décrit par Dandrada présente des caractères tout-à-fait étrangers à la tourmaline, tels que l'infusibilité et la forme rhomboidale, et que d'ailleurs nous ne possédons aucun échantillon qui soit bien certainement le minéral que Dandrada nomme indicolite, il semble qu'il convienne de suspendre encore la réunion de ces deux substances; car on ne peut guère supposer qu'un minéralogiste aussi instruit et aussi exercé que Dandrada ait pu se tromper sur l'infusibilité de l'indicolite, non plus que sur la forme rhomboidale qu'il attribue à ses cristaux. S'il avoit été induit en erreur sur ce dernier caractère, il faudroit convenir que

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